Trouver une pharmacie et obtenir des médicaments à l'étranger : le guide du voyageur
nov., 22 2025
Vous êtes en vacances à Bangkok, votre insuline est à court, et la pharmacie locale ne comprend pas votre ordonnance américaine. Ou vous êtes à Rome, vous avez mal à la tête, mais la seule pilule qui fonctionne pour vous n’est pas disponible ici. Ces situations, loin d’être rares, touchent 41 % des voyageurs selon une enquête de CoverTrip en 2023. Trouver des médicaments à l’étranger n’est pas une question de chance - c’est une question de préparation. Voici comment éviter les pièges, comprendre les règles locales, et vous assurer que vos traitements vous suivent partout.
Avant de partir : préparez vos médicaments comme un pro
Ne comptez pas sur la pharmacie du coin pour avoir votre traitement. Même les médicaments courants comme le Lexapro ou le Xanax sont interdits ou fortement réglementés dans de nombreux pays. En Thaïlande, en Chine, ou au Japon, certains antidépresseurs et médicaments contre le TDAH sont classés comme stupéfiants. Et si vous les avez dans votre valise sans documents, vous risquez de les voir confisqués à l’aéroport. La règle d’or : gardez vos médicaments dans leur emballage d’origine. Cela signifie : la boîte avec le nom du patient, le nom du médecin, la posologie, et le nom du laboratoire. 89 % des pays du Schengen exigent cela. Si vous avez retiré les comprimés dans un petit flacon, vous risquez d’être bloqué à la douane. Apportez aussi une lettre de votre médecin, traduite dans la langue du pays que vous visitez. Une étude de l’université Johns Hopkins a montré que cette lettre réduit les saisies de médicaments de 73 %. Incluez : le nom du médicament (avec le nom générique, pas seulement la marque), la raison médicale, la dose quotidienne, et la durée du traitement. Par exemple : « Escitalopram 10 mg/jour, pour trouble anxieux généralisé, traitement de 90 jours. » Et n’oubliez pas la règle des 10 jours : prenez toujours 10 jours de médicaments en plus de la durée de votre voyage. Les retards de vol, les annulations, les maladies - tout peut arriver. Une étude de la Société internationale de médecine du voyage montre que cette précaution réduit les interruptions de traitement de 65 %.Les règles par région : ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire
Les lois varient énormément d’un pays à l’autre. Voici ce que vous devez savoir avant d’atterrir. En Europe (Union européenne) : Vous pouvez transporter vos médicaments personnels, mais pas plus de 30 jours de traitement sans autorisation spéciale. En France, une pharmacie peut vous délivrer jusqu’à 72 heures de médicaments sans ordonnance pour des problèmes mineurs (douleurs, infections légères), grâce à l’article L. 5125-26 du Code de la santé publique. En Grande-Bretagne, vous pouvez obtenir une ordonnance d’urgence à la NHS en payant 9,65 £, même si vous n’êtes pas résident. En Asie : Attention. Au Japon, seulement 24 pharmacies sur tout le territoire sont autorisées à vendre des médicaments aux étrangers. En Thaïlande et au Cambodge, 68 % des médicaments vendus sur les marchés ou dans les petites pharmacies sont contrefaits ou de qualité inférieure, selon l’OMS. Ne les achetez jamais. Utilisez uniquement les pharmacies avec un logo officiel ou celles liées à des hôpitaux. En Amérique du Nord : Aux États-Unis, les chaînes comme CVS ou Walgreens sont rares à l’étranger - seulement 12 pays les accueillent. Mais Walgreens a un réseau de partenaires dans 18 pays, avec plus de 3 200 points d’accès. En Amérique latine, le Mexique est souvent une source de médicaments bon marché - mais aussi de contrefaçons. Vérifiez toujours le nom du laboratoire sur l’emballage. Si vous ne le reconnaissez pas, ne prenez pas. En Australie : Les voyageurs de certains pays (comme la Nouvelle-Zélande ou le Royaume-Uni) bénéficient d’un accès subventionné via le PBS. Mais les Américains doivent payer le prix fort - pas de mutuelle internationale ici.Comment trouver une pharmacie fiable à l’étranger
Vous ne pouvez pas vous fier à Google Maps seul. Les pharmacies locales ne sont pas toujours bien étiquetées, et beaucoup ne parlent pas anglais. Commencez par utiliser l’annuaire IAMAT (International Association for Medical Assistance to Travelers). C’est un réseau gratuit de médecins et de pharmacies vérifiés dans 110 pays. En 2022, 89 % des utilisateurs ont donné une note de satisfaction de 9/10. Vous pouvez trouver un médecin qui parle anglais, et souvent, il vous orientera vers une pharmacie de confiance. En Europe, les pharmacies avec un symbole vert (une croix verte sur fond blanc) sont publiques et ouvertes 24h/24. En France, elles sont signalées sur les vitrines et sur le site www.pharmacies-de-garde.fr. En Allemagne, cherchez les pharmacies avec le mot « Apotheke » - les magasins de produits de santé sans ce label ne vendent pas de médicaments sur ordonnance. Et si vous êtes en urgence ? Utilisez l’API de la Fédération internationale des pharmaciens (FIP), intégrée à Google Maps depuis juin 2023. Tapez « pharmacie ouverte maintenant » dans Google Maps, et vous verrez les pharmacies les plus proches avec leurs horaires et leur niveau de service aux étrangers.
Les médicaments sensibles : insuline, anticoagulants, anticonvulsivants
Certains médicaments sont plus fragiles que d’autres - et leur gestion à l’étranger peut être critique. L’insuline : Elle doit rester entre 2°C et 8°C pendant le transport. Si vous voyagez dans un pays chaud, achetez une petite glacière de voyage avec des gelées réfrigérantes. Ne la mettez jamais dans la soute de l’avion - la température peut chuter à -20°C et la détruire. 37 % des urgences liées aux médicaments à l’étranger sont dues à une mauvaise conservation de l’insuline, selon le CDC. Les anticoagulants (comme le Warfarine ou le Xarelto) : Les changements d’heure sont un cauchemar. Si vous traversez 6 fuseaux horaires, prenez votre dose à l’heure locale pendant les 2-3 premiers jours, puis ajustez progressivement. Une erreur de 12 heures peut provoquer un caillot ou une hémorragie. 29 % des urgences médicamenteuses à l’étranger viennent de ces erreurs de timing. Les anticonvulsivants (pour l’épilepsie) : Même dose, même marque - mais parfois, la formule est différente. En Inde ou au Brésil, un médicament peut contenir un excipient différent qui déclenche une crise. Apportez suffisamment de votre traitement habituel. Si vous devez en acheter sur place, demandez le nom générique exact et vérifiez avec le pharmacien que la composition est identique.Les pièges à éviter absolument
Voici les erreurs les plus courantes - et comment les éviter.- Ne pas vérifier les restrictions du pays : Le site MedAbroad du CDC (lancé en mai 2023) donne les règles pour 195 pays. Entrez votre médicament et votre destination - il vous dit ce qui est autorisé.
- Prendre des médicaments sans ordonnance locale : En Turquie, au Maroc, ou en Égypte, vous pouvez acheter des antibiotiques sans ordonnance. Mais si vous avez une réaction allergique, vous n’aurez pas de suivi médical. Et si vous avez un problème plus grave, vous risquez d’aggraver la situation.
- Ne pas avoir de traduction : Un pharmacien à Mexico peut ne pas comprendre « Atorvastatin » s’il est écrit en anglais. Apportez le nom générique en espagnol : « Atorvastatina ». Utilisez Google Translate pour la traduction, mais vérifiez avec une application comme MedLexi ou Epocrates pour être sûr.
- Ne pas déclarer les médicaments à la douane : Dans certains pays (comme les Émirats arabes unis), vous devez déclarer tous les médicaments sur un formulaire. Si vous ne le faites pas, vous pouvez être arrêté, même avec une ordonnance.
Que faire en cas d’urgence ?
Si vous perdez vos médicaments, si vous êtes malade, ou si une pharmacie refuse de vous vendre quelque chose :- Appelez votre assurance voyage. World Nomads, par exemple, couvre jusqu’à 2 000 $ pour l’achat d’urgence de médicaments.
- Allez dans un hôpital ou une clinique privée. Même si c’est cher, vous aurez accès à un médecin qui pourra écrire une ordonnance locale.
- Utilisez IAMAT : leur service d’urgence est gratuit. Ils vous connectent à un médecin local dans les 2 heures.
- Ne cherchez pas sur Internet des « pharmacies en ligne » qui livrent à l’étranger. La plupart sont des arnaques. Les médicaments arrivent en 3 semaines - et souvent, ce n’est pas ce que vous avez commandé.
Les nouvelles solutions pour 2025
Le paysage change vite. En 2023, l’Agence européenne des médicaments a lancé un programme pilote pour des ordonnances internationales standardisées - déjà en place dans 12 pays de l’UE. D’ici 2026, cela pourrait permettre à un médecin français de prescrire un médicament que vous pourrez retirer à Berlin ou à Madrid sans problème. Les grandes chaînes de pharmacies, comme Walgreens ou Boots, prévoient de proposer des services de téléconsultation transfrontalières d’ici 2025. Cela signifie : vous pourriez consulter un pharmacien en ligne, lui envoyer votre ordonnance, et recevoir un code pour retirer votre traitement dans une pharmacie partenaire à l’étranger. Mais attention : 31 pays ont renforcé leurs restrictions sur les médicaments en 2022-2023. Les opioïdes, les stimulants pour le TDAH, et certains antidouleurs sont de plus en plus difficiles à transporter. Vérifiez toujours les dernières règles avant de partir.Puis-je transporter des médicaments sur ordonnance dans mes bagages à main ?
Oui, et c’est même recommandé. Les médicaments doivent être dans leur emballage d’origine, avec l’étiquette du pharmacien. Vous n’avez pas besoin de les mettre dans un sac en plastique transparent comme les liquides, mais préparez une liste de vos médicaments avec les noms génériques. À l’aéroport, les agents peuvent vous demander de les montrer - surtout si vous voyagez vers les Émirats, le Japon, ou les États-Unis. Apportez toujours une copie de votre ordonnance.
Mon assurance santé couvre-t-elle les médicaments à l’étranger ?
Non, si vous êtes américain. Medicare et la plupart des mutuelles américaines ne couvrent pas les médicaments achetés à l’étranger. Les plans Medicare Advantage excluent explicitement cette couverture. Les assurances voyage comme World Nomads ou Allianz, elles, couvrent jusqu’à 2 000 $ pour des achats d’urgence. Vérifiez toujours les conditions de votre police avant de partir.
Que faire si la pharmacie ne connaît pas mon médicament ?
Donnez le nom générique (ex : « escitalopram » au lieu de « Lexapro »). Si le pharmacien ne comprend toujours pas, montrez-lui la boîte avec le logo du laboratoire. Utilisez l’application MedLexi pour afficher la fiche technique du médicament en plusieurs langues. Si tout échoue, allez dans un hôpital : un médecin pourra écrire une nouvelle ordonnance locale.
Les médicaments en vente libre sont-ils sûrs à l’étranger ?
Attention. Dans certains pays, les médicaments en vente libre contiennent des substances interdites ou des doses inconnues. En Thaïlande, des comprimés pour la migraine ont été retrouvés avec du cortisone cachée. En Inde, des antibiotiques vendus sans ordonnance contiennent parfois des antibiotiques de dernière génération, ce qui peut favoriser la résistance. Préférez toujours les pharmacies avec un logo officiel ou celles situées dans des hôpitaux.
Est-ce que je peux faire envoyer des médicaments depuis chez moi ?
C’est risqué. La plupart des pays interdisent l’importation de médicaments par courrier, même pour usage personnel. Les colis peuvent être confisqués, et vous risquez des amendes. Si vous devez absolument en envoyer, contactez l’ambassade du pays où vous vous trouvez pour connaître les procédures. En général, il est plus sûr et plus rapide d’acheter sur place avec une ordonnance locale.
Lisa Lee
novembre 22, 2025 AT 19:10Franchement, pourquoi on se complique la vie ? Je vais en Thaïlande, je prends mes pilules dans un petit flacon, je les garde dans mon sac à main, et je dis que c’est des vitamines. Personne ne va vérifier. Et si quelqu’un pose des questions ? Bah je souris et je réponds en anglais avec un accent n’importe quoi. C’est ça, la vie de voyageur.
Noé García Suárez
novembre 24, 2025 AT 10:04La logique de la régulation pharmaceutique transfrontalière repose sur une dialectique entre la souveraineté nationale des systèmes de santé et l’individualisation des parcours thérapeutiques. Or, la prévalence des médicaments contrefaits en Asie du Sud-Est - estimée à 68 % selon l’OMS - révèle une faille structurelle dans les chaînes d’approvisionnement, non pas une simple lacune comportementale du voyageur. La recommandation d’IAMAT est donc une réponse néolibérale à un problème systémique. Il faudrait une harmonisation des nomenclatures ATC et une reconnaissance mutuelle des ordonnances, pas juste un annuaire de pharmacies.