Cyclogyl (cyclopentolate) : comparaison détaillée avec Atropine, Tropicamide et Phenylephrine
oct., 21 2025
Lorsque le praticien a besoin d’ouvrir la pupille pour un examen du fond d’œil, le choix du mydriatique n’est jamais anodin. Cyclogyl (cyclopentolate) est souvent prescrit, mais il existe d’autres molécules comme l’atropine, le tropicamide ou la phenylephrine. Cette comparaison vous aide à comprendre leurs points forts, leurs limites et à choisir la solution la plus sûre selon le patient.
Qu’est‑ce que Cyclogyl ?
Cyclogyl est le nom commercial du cyclopentolate ophthalmique, un dérivé anticholinergique utilisé pour induire mydriase et cycloplégie lors d’examens ophtalmiques.
Le cyclopentolate agit en bloquant les récepteurs muscariniques de l’iris et du corps ciliaire, ce qui provoque une dilatation rapide (environ 5‑10 minutes) et une paralysie de l’accommodation qui dure entre 6 et 24 heures selon la dose.
Il est disponible en gouttes à 0,5 % et 1 % et s’administre généralement un à deux jets dans chaque œil. Son profil d’efficacité le rend idéal pour les examens du fond d’œil, les cas où une cycloplégie temporaire est souhaitée, ainsi que pour certains traitements de la kératite.
Alternatives courantes au Cyclogyl
Plusieurs agents mydriatiques sont largement utilisés en pratique clinique. Chacun possède des caractéristiques pharmacologiques distinctes.
- Atropine est un anticholinergique puissant qui procure une mydriase et une cycloplégie très longues (jusqu’à 2 semaines). Elle est souvent réservée aux enfants ou aux patients nécessitant une cycloplégie prolongée, par exemple en traitement de l’amblyopie.
- Tropicamide est un anticholinergique à action plus courte que le cyclopentolate. Sa mydriase débute en 15‑30 minutes et dure 4‑6 heures, ce qui le rend adapté aux examens rapides ou aux patients à risque d’augmentation de la pression intraoculaire.
- Phenylephrine est un agoniste alpha‑adrénergique qui agit exclusivement sur le muscle dilatateur de l’iris. Il procure une mydriase sans cycloplégie, idéale lorsqu’une accommodation préservée est nécessaire, par exemple avant une chirurgie réfractive.
Tableau comparatif des mydriatiques
| Paramètre | Cyclogyl (cyclopentolate) | Atropine | Tropicamide | Phenylephrine |
|---|---|---|---|---|
| Début d’effet | 5‑10 min | 30‑60 min | 15‑30 min | 5‑10 min |
| Durée de la mydriase | 6‑24 h | ≈ 2 semaines | 4‑6 h | 2‑4 h |
| Durée de la cycloplégie | 6‑24 h | ≈ 2 semaines | 4‑6 h | ‑ |
| Concentration habituelle | 0,5 % ou 1 % | 0,5 % (solution) | 0,5 % ou 1 % | 2,5 % ou 5 % |
| Principaux effets indésirables | Photophobie, augmentation de la PIO, troubles du système nerveux central (rare) | Photophobie intense, vision floue prolongée, toxicité systémique à forte dose | Mild photophobia, transient IOP rise | Hypertension artérielle transitoire, tachycardie |
| Contre‑indications majeures | Glaucome à angle fermé, antécédents d’allergie à l’anticholinergique | Glaucome à angle fermé, maladie cardiaque sévère | Glaucome à angle fermé | Hypertension sévère non contrôlée |
Comment choisir le bon mydriatique ?
Le choix dépend de trois paramètres clés : le type d’examen, le profil de risque du patient et la durée souhaitée de la dilatation.
- Examen du fond d’œil ou OCT : Cyclogyl ou tropicamide offrent une bonne visibilité. Si le patient a un risque d’augmentation de la pression intraoculaire, privilégiez le tropicamide, qui a une durée plus courte.
- Traitement de l’amblyopie chez l’enfant : L’atropine, à dose très faible (0,025 %), reste l’étalon‑or grâce à sa cycloplégie prolongée.
- Chirurgie réfractive ou laser : La phenylephrine, combinée parfois avec tropicamide, donne une mydriase rapide sans interférer avec la capacité d’accommodation.
En pratique, beaucoup de cliniciens utilisent une combinaison de deux agents (ex : cyclopentolate + phenylephrine) pour optimiser mydriase et durée tout en limitant les effets secondaires.
Risques et précautions à connaître
Tous les agents mydriatiques peuvent provoquer une élévation transitoire de la pression intraoculaire (PIO). Chez les patients à historique de glaucome à angle fermé, le cyclopentolate et le tropicamide sont contre‑indiqués. Il faut mesurer la PIO avant et après l’administration chez ces patients.
Des effets systémiques sont rares mais possibles : syndrome anticholinergique (confusion, bouche sèche, tachycardie) surtout chez les personnes âgées ou chez les patients prenant déjà des médicaments anticholinergiques.
L’utilisation de mydriase se définit comme l’élargissement de la pupille doit toujours être équilibrée avec le risque d’hypertonie oculaire. En cas de hausse de la PIO > 30 mmHg, il faut administrer un collyre bêta‑bloquant (par ex. timolol) et surveiller la réponse.
Enfin, la cycloplégie désigne la paralysie temporaire du muscle ciliaire, entraînant une perte de la capacité de mise au point. Ce phénomène affecte la lecture et la conduite; il faut prévenir le patient de ne pas conduire tant que la vision n’est pas revenue à la normale.
FAQ - Questions fréquentes
Le cyclopentolate est‑il sécuritaire chez les enfants ?
Oui, à dose adaptée (0,5 % en un seul jet) le cyclopentolate est généralement bien toléré chez les enfants de plus de 3 ans. Il faut surveiller la PIO et éviter chez les antécédents de glaucome à angle fermé.
Quelle différence entre mydriase et cycloplégie ?
La mydriase désigne uniquement l’élargissement de la pupille, alors que la cycloplégie implique en plus la paralysie du muscle ciliaire, stoppant l’accommodation.
Quand privilégier la phenylephrine plutôt que le cyclopentolate ?
Lorsque l’on veut une mydriase rapide sans affecter l’accommodation, par exemple avant un test de réfraction ou une chirurgie réfractive, la phenylephrine (2,5 % à 5 %) est idéale.
Quel est le protocole d’administration en cas de suspicion de glaucome à angle fermé ?
Il faut d’abord mesurer la pression intraoculaire. Si la PIO est élevée, on évite le cyclopentolate et le tropicamide, on utilise plutôt une combinaison de phenylephrine à faible dose et on traite immédiatement avec un collyre à base de bêta‑bloquant ou d’alpha‑agoniste.
La mydriase peut‑elle être réversible ?
Oui, la plupart des agents ont une durée d’action limitée. La mydriase disparaît généralement lorsque le médicament est métabolisé ou éliminé, mais la récupération complète peut prendre de quelques heures à plusieurs jours selon la substance.
Conclusion pratique
En résumé, Cyclogyl se situe au milieu du spectre entre l’atropine (effet long et puissant) et le tropicamide (effet rapide et court). La phenylephrine complète ce tableau en offrant une mydriase sans cycloplégie. Le clinicien doit donc choisir en fonction du délai souhaité, du risque de hausse de la PIO et de la nécessité ou non de paralysie de l’accommodation.
En suivant les critères présentés, vous serez capable de proposer le mydriatique le plus adapté, tout en minimisant les complications et en assurant le confort du patient.
lou the warrior
octobre 21, 2025 AT 18:28Ce tableau est top, ça rend la décision tellement plus claire. J’adore quand les infos sont présentées comme ça !
Patrice Mwepu
octobre 25, 2025 AT 19:41En fait, le choix du mydriatique ne doit jamais se faire à la légère ! Même si le tableau simplifie tout, il faut vraiment prendre en compte le risque d’augmentation de la PIO, surtout chez les patients glaucomateux, et choisir en fonction du profil du patient.
Delphine Jarry
octobre 29, 2025 AT 20:54J’ai toujours trouvé que la phenylephrine, c’est le petit joker qui sauve la mise quand on veut une dilatation rapide sans perdre la capacité d’accommodation. En plus, c’est rassurant de savoir qu’on évite les effets anticholinergiques chez les seniors.
raphael ribolzi
novembre 2, 2025 AT 22:08Effectivement, le cyclopentolate reste un bon compromis entre rapidité d’action et durée modérée.
Il agit en bloquant les récepteurs muscariniques, ce qui engendre une dilatation en 5‑10 minutes, parfaite pour les examens du fond d’œil.
Sa durée de mydriase, de 6 à 24 heures, permet de terminer le bilan sans course contre la montre.
Cependant, il faut rester vigilant chez les patients à risque de glaucome à angle fermé, car même une hausse temporaire de la PIO peut être dangereuse.
Dans ce cas, il vaut mieux opter pour la tropicamide, qui a une action plus courte et un moindre impact sur la pression intraoculaire.
Le dosage est également crucial : 0,5 % en un ou deux jets suffisent généralement, mais chez les enfants, on préfère parfois une dose plus faible pour limiter les effets systémiques.
Les effets indésirables rares, comme le syndrome anticholinergique, sont surtout observés chez les personnes âgées ou celles prenant déjà des médicaments anticholinergiques.
Il faut donc toujours vérifier le traitement concomitant avant d’administrer le cyclopentolate.
Un point souvent négligé, c’est la nécessité de mesurer la PIO avant et après l’application pour détecter une hausse inattendue.
Si une augmentation supérieure à 30 mmHg est constatée, on passe rapidement à un collyre bêta‑bloquant comme le timolol.
En pratique, de nombreux cliniciens combinent cyclopentolate avec phenylephrine afin d’obtenir une mydriase efficace tout en limitant la durée de la cycloplégie.
Cette association permet d’ajuster la profondeur de la dilatation selon les besoins spécifiques de chaque examen.
Enfin, il est essentiel d’avertir le patient qu’il ne devra pas conduire tant que la vision n’est pas revenue à la normale, surtout si la cycloplégie persiste plusieurs heures.
En résumé, le cyclopentolate est un outil polyvalent, mais son utilisation doit être guidée par une évaluation rigoureuse du risque et une surveillance attentive.
Marie Langelier
novembre 6, 2025 AT 23:21Le tableau est un peu trop sérieux, on a besoin de plus de couleur ! 🌈