Comment reconnaître une surdose de sédatifs et de médicaments pour dormir
déc., 11 2025
Une surdose de sédatifs ou de médicaments pour dormir n’est pas un simple cas de somnolence extrême. C’est une urgence médicale qui peut tuer en quelques minutes. Si vous voyez quelqu’un qui ne répond pas, respire lentement ou a les lèvres bleues, ne perdez pas de temps à penser qu’il « dort simplement trop ». Ce n’est pas du repos. C’est une détresse vitale.
Les signes clés d’une surdose
Les premiers signes sont souvent trompeurs. La personne semble juste très fatiguée, comme après une longue journée. Mais la différence entre une bonne nuit et une surdose est subtile, et pourtant cruciale.
Regardez attentivement : peut-elle répondre quand vous la secouez doucement, ou même en lui criant dessus ? Si elle ne réagit pas du tout, même après un frottement sur le sternum (la partie centrale de la poitrine), c’est un signal rouge. Ce n’est pas de la paresse. C’est un cerveau qui ne fonctionne plus normalement.
Ensuite, comptez ses respirations. Posez votre main sur sa poitrine et comptez combien de fois elle monte et descend en 30 secondes. Multipliez par deux. Si elle fait moins de 12 respirations par minute, c’est anormal. En cas de surdose, elle peut n’en faire que 4 ou 5. Parfois, les respirations deviennent irrégulières : une longue pause, puis deux rapides, puis plus rien. C’est un arrêt respiratoire en cours.
Regardez ses lèvres, ses doigts, ses ongles. S’ils sont bleuâtres, c’est un signe que son corps manque d’oxygène. C’est la cyanose. Cela veut dire que les poumons ne fonctionnent plus correctement. La peau peut aussi être froide et moite, comme si elle transpirait malgré le froid.
La parole devient pâteuse, comme si elle avait bu beaucoup d’alcool - sauf qu’elle n’en a pas bu. Elle bégaye, elle ne trouve pas ses mots, ou elle répète la même phrase. Elle ne comprend plus ce qu’on lui dit. Elle peut tomber en arrière, incapable de rester assise sans s’appuyer. C’est l’ataxie : une perte de coordination musculaire totale.
Les médicaments concernés
Les surdoses ne viennent pas seulement des médicaments sur ordonnance. Elles peuvent aussi venir de produits achetés sans ordonnance.
Les benzodiazépines comme le zolpidem (Ambien), l’eszopiclone (Lunesta) ou le temazepam (Restoril) sont les plus fréquemment impliquées. Elles ralentissent le cerveau. À dose normale, elles aident à dormir. À dose élevée, elles l’éteignent.
Les barbituriques, moins prescrits aujourd’hui, sont encore plus dangereux. Ils provoquent une dépression respiratoire plus rapide et plus profonde. Même une petite surdose peut être mortelle.
Les somnifères en vente libre, comme ceux contenant du diphenhydramine (Tylenol PM, Benadryl), ne sont pas inoffensifs non plus. À forte dose, ils provoquent une confusion extrême, une sécheresse de la bouche, une rétention urinaire, et parfois des hallucinations ou des crises. Ce n’est pas un « bon sommeil » - c’est une intoxication.
Le melatonin, en revanche, est rarement dangereux. Même à des doses très élevées (jusqu’à 240 mg), il ne cause pas d’arrêt respiratoire. Les symptômes sont limités à des maux de tête, des étourdissements, ou des nausées. Ce n’est pas un sédatif puissant. Ce n’est pas un risque de surdose mortelle.
Le pire scénario : les mélanges
Le plus grand danger ne vient pas d’un seul médicament, mais de la combinaison.
Quand un sédatif est pris avec de l’alcool, les deux agissent ensemble pour ralentir le cerveau et les poumons. Ce n’est pas une addition. C’est une multiplication. Une dose normale de zolpidem avec un verre de vin peut devenir une dose mortelle.
Et quand on ajoute des opioïdes - comme l’oxycodone, la codéine, ou pire, le fentanyl - le risque explose. Selon les données du CDC, 23 % des décès liés aux benzodiazépines en 2021 impliquaient aussi des opioïdes. Ces mélanges sont la cause principale des surdoses mortelles aujourd’hui.
Beaucoup de personnes pensent que « prendre un somnifère de temps en temps » est sans risque. Mais si elles prennent aussi un analgésique pour la douleur, ou un verre de vin le soir, elles créent un cocktail silencieux. Et ce cocktail peut tuer sans avertissement.
Que faire en cas de suspicion ?
Si vous voyez quelqu’un qui ne répond pas, respire lentement, ou a les lèvres bleues : agissez. Immédiatement.
1. Essayez de le réveiller en criant et en le secouant doucement. S’il ne réagit pas, appelez les secours - 15 en France, 911 aux États-Unis, 112 en Europe.
2. Vérifiez sa respiration. Si elle est absente ou très lente (moins d’une respiration toutes les 5 secondes), commencez la respiration artificielle. Inclinez la tête en arrière, pincez le nez, et soufflez dans sa bouche toutes les 5 à 6 secondes. Continuez jusqu’à l’arrivée des secours.
3. Ne donnez jamais de flumazenil. C’est un antidote contre les benzodiazépines, mais il peut provoquer des crises chez les personnes dépendantes. Il ne doit être administré que par un médecin en hôpital.
4. Ne laissez pas la personne seule. Restez avec elle. Gardez-la sur le côté, en position latérale de sécurité, pour éviter qu’elle s’étouffe si elle vomit.
5. Apportez les emballages des médicaments aux secours. Cela leur permettra de savoir exactement ce qu’elle a pris. Même un contenant vide peut aider.
Pourquoi les gens attendent-ils trop longtemps ?
Les études montrent que 68 % des témoins pensent d’abord que la personne « dort simplement trop ». Ils croient qu’elle va se réveiller toute seule. Ils ont peur de faire une scène. Ils pensent que c’est « juste une mauvaise nuit ».
Sur Reddit, des utilisateurs racontent : « J’ai cru que mon colocataire était juste épuisé par son travail. » Ou : « J’ai pensé que c’était l’alcool. »
Chaque minute compte. Selon une méta-analyse publiée dans le Resuscitation Journal, chaque minute de retard réduit les chances de survie de 7 à 10 %. Si vous attendez 15 minutes, les chances de survie tombent à moins de 40 %.
Ne confondez pas la somnolence avec la perte de conscience. Ne confondez pas la lenteur avec la fatigue. Si la personne ne répond pas, c’est une urgence. Point.
Qui est le plus à risque ?
Les personnes âgées de 25 à 54 ans sont les plus touchées. Les femmes sont plus souvent victimes que les hommes, probablement parce qu’elles prennent plus souvent des somnifères pour l’anxiété ou l’insomnie.
Les personnes qui prennent plusieurs ordonnances de différents médecins sont en danger. Elles ne savent pas qu’elles accumulent des substances dangereuses. Les patients qui ont déjà eu une surdose auparavant sont 10 fois plus à risque de récidive.
Les régions comme la Virginie-Occidentale aux États-Unis ont des taux de surdose 3 fois plus élevés que la moyenne nationale. En France, les données sont moins précises, mais les hospitalisations pour surdose de somnifères ont augmenté de 35 % depuis 2018, selon Santé Publique France.
Les médicaments sont devenus plus sûrs, mais les usages sont devenus plus dangereux. Les prescriptions ont baissé, mais les abus ont augmenté. Les gens prennent des comprimés en plus de ce qu’ils ont été prescrits. Ils les partagent. Ils les combinent avec de l’alcool. Ils pensent que « c’est juste un somnifère ».
Il n’y a pas de « juste un somnifère ». Il n’y a que des médicaments qui peuvent tuer - et des personnes qui ne savent pas qu’elles sont en train de les tuer.
Comment prévenir ?
Si vous ou un proche prenez des somnifères :
- Ne prenez jamais plus que la dose prescrite.
- Ne mélangez jamais avec de l’alcool, des opioïdes ou d’autres sédatifs.
- Ne partagez jamais vos médicaments.
- Conservez les comprimés hors de portée des enfants et des adolescents.
- Parlez à votre médecin si vous avez besoin de prendre le médicament plus souvent que prescrit. Cela peut être un signe de dépendance.
- Si vous avez déjà eu une surdose, demandez une évaluation de dépendance. C’est une maladie, pas un échec personnel.
Les campagnes comme « Don’t Die » en Californie ont distribué 250 000 cartes de reconnaissance de surdose dans les pharmacies. Elles montrent les signes à repérer en quelques images simples. Vous pouvez en trouver des versions imprimables en ligne. Imprimez-en une. Collez-la sur votre frigo. Donnez-en une à un proche.
La prévention ne se fait pas seulement avec des médicaments. Elle se fait avec la connaissance. Savoir reconnaître les signes. Savoir agir. Savoir que la vie d’une personne dépend de quelques secondes de réaction.
Peut-on surdoser avec du melatonin ?
Le melatonin est rarement dangereux, même à très haute dose. Même 240 mg (60 fois la dose normale) ne provoque pas d’arrêt respiratoire. Les symptômes sont limités à des maux de tête, des étourdissements ou des nausées. Ce n’est pas un sédatif puissant comme les benzodiazépines. Il ne cause pas de surdose mortelle.
Que faire si la personne vomit pendant une surdose ?
Placez-la immédiatement en position latérale de sécurité : sur le côté, la tête légèrement inclinée vers le bas. Cela empêche qu’elle s’étouffe avec son vomi. Ne la laissez pas allongée sur le dos. Continuez à surveiller sa respiration et attendez les secours.
Le flumazenil peut-il être utilisé à la maison ?
Non. Le flumazenil est un antidote qui peut provoquer des crises sévères, surtout chez les personnes dépendantes aux benzodiazépines. Il ne doit être administré que par du personnel médical en milieu hospitalier. Tenter de l’utiliser à la maison peut tuer la personne que vous essayez de sauver.
Une surdose de zolpidem est-elle mortelle ?
Oui, surtout si elle est combinée à de l’alcool ou à d’autres dépressifs du système nerveux. Bien que les surdoses isolées de zolpidem soient moins fréquemment mortelles que celles des barbituriques, elles peuvent provoquer un arrêt respiratoire. Le risque augmente fortement avec l’âge, la consommation d’alcool, ou la prise d’autres médicaments.
Combien de temps faut-il pour qu’une surdose devienne mortelle ?
Cela dépend de la dose, du médicament et de la réponse rapide. Dans certains cas, la respiration peut s’arrêter en moins de 20 minutes après la prise. Le délai moyen entre la prise du médicament et la mort est de 1 à 3 heures. Mais chaque minute sans intervention réduit les chances de survie de 7 à 10 %. Agir rapidement sauve des vies.